La "mal info" de Denis Muzet
Le sociologue Denis Muzet a sorti en mars dernier une étude très intéressante intitulée « La mal info : enquête sur des consommateurs de médias ». Si Denis Muzet fait ainsi le rapprochement entre la consommation d’information (la « mal info ») et la consommation alimentaire (la « mal bouffe »), c’est pour montrer à quel point les habitudes de consommation de l’information ont changé. La presse (comme nous en avons parlé avec Eric Tourtel récemment) mais peut être encore plus la télévision se retrouvent face à une demande qui n’a rien à voir à il y a encore quelques années. Internet et son développement ont ainsi changé la donne. Les français donnent aujourd’hui à l’information une place beaucoup plus importante qu’auparavant. Au point d’être devenus selon le sociologue « média-dépendants », constamment à la recherche de l’information la plus actualisée possible… mais pas forçément la plus traitée. Le français ingurgite donc beaucoup plus d’informations qu’auparavant, faisant ensuite son propre tri. Ces nouvelles façons de consommer l’information proviennent selon l’enquête d’un mal récent plus profond basé sur l’insécurité. Ce serait donc l’inquiétude du monde qui m’entoure qui fait que je devient boulémique d’informations. La sur-consommation d’informations serait donc en fait selon le livre le moyen trouvé par les français de se rassurer.
Selon Denis Muzet, les français se sentent de plus en plus impliqués par la recherche mais encore d’avantage par le partage de l’information. C’est ce que le sociologue apelle le « Tous journalistes, tous photographes », symbolisé évidemment par la montée en puissance des moyens d’expression des internautes, les blogs en chef de file. Travaillant pour l’Observatoire du débat public, Denis Muzet pense que ce besoin de participation à l’information et au débat sera encore plus visible à l’occasion des élections 2007 comme il a pu se développer autour des évènements majeurs récents comme le Tsunami ou le CPE. Accordant un entretien à Libération, Denis Muzet met tout de même en avant le danger que réprésente la consommation rapide et sans approfondissement de l’information. « L’info brêve paraît plus crédible, là est le danger ! […] Des téléspectateurs ou auditeurs ne retiennent que les titres et ne comprennent pas le développement de l'info. Ils en ont parfois une compréhension erronée ».
Libellés : Médias
1 Comments:
Excellente réflexion sur le "mal info"! Cette boulimie correspond sans conteste à un mal-être profond qui traverse depuis plus de 15 ans la société française dans son ensemble. Nous vivons une crise économique, sociale, politique et morale de grande ampleur et aucun signe tangible ne vient rassurer les français. Pourtant, au-delà de cette boulimie d'information, ne conviendrait-il pas également de s'interroger sur la définition même du concept d'information? Comme le dit régulièrement à qui veut l'entendre, Georges Chétochine; "nous ne consommons pas de l'info mais seulement des nouvelles. L'information c'est ce qui contribue à réduire mon incertitude. Le journal télévisé donne des nouvelles, alors que la météo donne de l'information". Réduction de l'incertitude, tiens, tiens... Sans doute ce dont nous avons avons le plus besoin en ce moment...avec le parler-vrai, tant en ce qui concerne le consommateur (et certaines entreprises ont clairement adopté cette voie du discours "pro-consumériste", comme Virgin), mais également le citoyen qui attend toujours les vérités comme on attendait Godot....
By Anonyme, sur Blog emarketing
Enregistrer un commentaire