Blog Webmarketing, E-commerce et Referencement par Olivier Douard

mardi, octobre 16, 2007

Interview Mikael Bodlore-Penlaez (Point BZH)



Nous en parlions il y a quelques temps, plusieurs associations bretonnes militent pour la création d’une extension Internet liée à la promotion de la culture Bretonne (le .bzh pour « Breizh » qui signifie « Bretagne » en Breton). Merci à Mikael Bodlore-Penlaez – de l’association Point BZH - d’avoir accepté de nous expliquer les dessous d’un tel projet.

Olivier Douard : Quelques mois après la mise en ligne de la pétition pour une extension propre à la région Bretagne, le débat a-t-il avancé? Le mouvement populaire a-t-il répondu à vos attentes?

Mikael Bodlore-Penlaez : La pétition a recueilli plus de 15 000 signatures, ce qui est important pour une pétition sur Internet. Grâce à cette action, la mobilisation a été très forte. Comme nous le souhaitions, les Bretons en premier lieu, se sont investis dans ce projet et ces signatures (dont des artistes et des élus) en sont une preuve. Ce ne sont pas uniquement des personnes sensibles à la culture bretonne qui ont signé mais de nombreux Bretons pensant qu'il est intéressant que l'ont puisse attribuer une extension spécifique à la communauté bretonne. Ensuite les collectivités ont voté des vœux favorables au .bzh dont la région Bretagne qui a pris une grande part dans l'action, en proposant de participer à une partie du financement du dossier. C'est ainsi qu'en conjuguant l'énergie de plusieurs acteurs (Point BZH, Christian Ménard, un député finistérien investi dans ce projet et qui a obtenu des réponses favorables de Nicolas Sarkozy - avant qu'il ne soit Président - et de François Fillon, de Bretagne Prospective, une association bretonne qui porte aujourd'hui le projet et qui réalisera prochainement une étude de faisabilité financée par la région Bretagne) que le .bzh pourra peut-être voir le jour, car le chemin à parcourir est encore long. L'attribution d'une extension Internet ne se fait pas sur un coup de tête mais doit être argumentée, financée et viable économiquement.

OD : Est-il possible d'estimer le coût de création puis de maintien d'une extension telle que le .bzh? De quelle manière Point BZH s'active pour trouver les fonds nécessaires?

MBP : Il est difficile d'évaluer pour le moment le coût total d'une telle opération. On entend selon certaines sources des montants allant de 40 000 à 80 000 € pour déposer le dossier à l'ICANN, voir plus si l’on prend en compte les frais annexes. C'est pour cette raison que la première étape est bien de réaliser une étude de faisabilité qui permettra d'évaluer ces coûts. Car en plus du dépôt du dossier, il s'agit bien d'évaluer la viabilité économique d'une nouvelle extension Internet. Si le .bzh est créé, il faudra que les internautes intéressés l'achètent pour leur site Internet ou l'utilisent pour leur adresse e-mail. Il faudra donc créer ou s'appuyer sur une structure ad hoc pour exploiter l'extension. Cela aura aussi un coût.

OD : Quels sont les points stratégiques étudiés par l'ICANN avant de valider l'activation d'une nouvelle extension?

MBP : L'ICANN s'assure tout particulièrement de la viabilité du projet. De plus ce projet doit répondre à des critères bien spécifiques. Pour le .bzh par exemple, il ne s'agit pas d'une extension pour la Bretagne mais d'une extension pour la communauté bretonne. C'est à dire qu'une personne habitant à l'extérieur de la Bretagne pourra l'acquérir. C'est donc bien une vision ouverte de la Bretagne dont il s'agit... Quand on parle de viabilité, il s'agit de viabilité économique. L'ICANN ne crée pas des extensions pour rien.

OD : Après la Catalogne (heureuse bénéficiaire du .cat depuis cette année), d'autres provinces espagnoles comme la Galice ou le Pays Basque semblent intéressées par la création de leur propre extension. La Bretagne n'a-t-elle pas intérêt à se rapprocher de ces alliés de circonstance? D'autres régions françaises sont-elles susceptibles de faire de telles démarches?

MBP : Les Catalans ont déjà largement aidé les Bretons dans cette démarche. En particulier Amadeu Abril i Abril, ancien directeur de la Fondation .cat qui a tout de suite proposé de nous aiguiller. Lors de la Breizh Touch, événement de promotion de la Bretagne à Paris organisé par la région, Mr Abril i Abril est venu expliquer la manière dont les Catalans ont monté leur opération, qui soit dit en passant a mis plusieurs années à voir le jour. Les Catalans ont créé cette extension pour la promotion de la culture et de la langue catalane et cela fonctionne très bien. De même d'autres communautés souhaitent leur extension, ce qui paraît normal. Les Gallois, les Ecossais, les Galiciens ou les Basques. Bretagne Prospective qui travaille à l'évaluation du projet a déjà assisté à une réunion à Saint-Jacques-de-Compostelle (en Galice) pour échanger sur ce sujet. Il y a un grand intérêt pour les Bretons de jouer collectif dans ce domaine. D'autres communautés culturelles et linguistiques pourraient être tentées par l'expérience. En Occitanie par exemple. Merci et Kenavo Olivier.

OD : Kenavo Mikael !

Et puisque nous sommes dans le sujet, j’en profite pour annoncer que le très efficace service d’email vidéo Mailemotion.tv, vient d’ouvrir sa nouvelle version accessible en 8 langues dont… le Breton. ;-)

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dimanche, octobre 07, 2007

Interview Frédéric Lambert (Acheter-Moins-Cher)


La loyauté des comparateurs de prix sur Internet a été remise en cause il y a quelques mois par une enquête de la DGCCRF qui stigmatisait le manque de transparence de la part de l’ensemble du secteur. Frédéric Lambert, dirigeant d’Acheter-Moins-Cher, nous explique les répercussions de cette enquête sur l’image des comparateurs ainsi que la politique de transparence d’Acheter-Moins-Cher.

Olivier Douard : Frédéric, quelques mois après l'enquête de la DGCCRF, comment se porte le marché des comparateurs de prix?

Frédéric Lambert : Je ne sais pas comment se portent les autres comparateurs de prix. Pour notre part, Acheter moins cher se porte bien, malgré un léger tassement au début du printemps que je ne saurais attribuer plus à cette enquête qu'aux élections présidentielles qui sont traditionnellement une mauvaise période pour le commerce : les consommateurs ont tendance à reporter leurs gros achats d'équipement. Ce que je sais, c'est que cela a été mauvais en terme d'image. Nous avons reçu pas mal de remarques acides ou désobligeantes de nos utilisateurs. De ce fait, il y a bien eu un effet très négatif sur le secteur d'activité. D'un point de vue de notre CA, notre succès ne se dément pas avec cette année une hausse de 44% par rapport) à l'année dernière. Nous clôturons nos comptes fin juin d'une année sur l'autre. Nos revenus étant essentiellement basés sur un pourcentage sur les ventes, les 1 200 000 euros de CA que nous réalisons en 2006/2007 (contre 740 000 pour l'année 2005/2006) représentent les commissions sur toutes les ventes effectuées par notre intermédiaire. Ces commissions montrent que des millions d'utilisateurs ont utilisé notre service, comparé les prix et acheté en réalisant des économies substantielles.

OD : Aux conclusions de l'enquête de la DGCCRF, Acheter-Moins-Cher fut le seul comparateur de prix français à être jugé irréprochable en matière de transparence. En quoi le discours d'Acheter-Moins-Cher se distingue-t-il des autres comparateurs?

FL : Acheter moins cher est un comparateur de prix indépendant et neutre qui relève, classe et compare les prix de vente, du moins cher au plus cher, des produits neufs disponibles à l'achat en ligne chez les marchands fiables et sécurisés du web français. Notre discours est toujours le même depuis 1998 : nous sommes du côté du consommateur, nous apportons un service qui le renforce vis a vis des vendeurs. Nous sommes transparents, nos actes reflètent notre discours. Nous ne dupons pas nos utilisateurs. Je pense que tous les comparateurs ont le même discours, mais que les actes ne suivent pas. L'enquête en est la preuve. Je dois ajouter qu'aujourd'hui le terme comparateur est galvaudé : beaucoup de systèmes se rapprochent plus du guide d'achat ou de simple listings qui n'ont rien a voir avec la comparaison des prix tel que nous la pratiquons.

Acheter moins cher a été "gratuit" pour les boutiques de 1998 à 2000 : après l'éclatement de la bulle Internet, les revenus de la publicité ne permettaient plus de payer les collaborateurs et d'améliorer le système qui demande beaucoup de travail quotidien. Nous sommes alors passés sur un modèle au pourcentage qui n'a rien à voir avec le paiement au clic : une boutique qui ne vend rien ne paye rien. J'ai vu de nombreuses petites boutiques ruinées par des concurrents indélicats "au clic", et cela continu. Notre système permet à ces boutiques d'être présentes et de ne payer qu'au résultat. Je dois ajouter que certaines sociétés sont "au clic" chez nous car elles le veulent. Elles ne veulent pas dévoiler leurs ventes et parfois, pour des vendeurs qui ont de gros paniers d'achat, le clic peut être plus intéressant que le pourcentage. Cela représente en gros 10% de notre CA, 10 % également pour la publicité et 80% pour les revenus au pourcentage sur les ventes.

Nous avons à peu près 100.000 visiteurs jours, soit 3 millions par mois. Il faudrait au minimum 10 fois ce trafic pour avoir les revenus suffisants pour ne vivre que de la publicité style Adsense. Certains nouveaux concurrents disent être gratuits mais c'est simplement du mensonge : ce n'est pas possible pour un vrai comparateur de prix. Il faudrait avoir 100% du marché en France et encore, ce ne serait pas suffisant.

Il faut savoir que la vraie comparaison des prix demande un travail de "matching" qu'il est impossible de faire automatiquement. On peut rapatrier des infos en crawlant les sites mais ce n'est pas suffisant, il faut "matcher", tout le métier ce situe a ce niveau. Nous avons développé un système mixant l'automatisme au travail manuel pour donner la meilleure information à nos utilisateurs et cela marche.

Le fait de faire payer un pourcentage a aussi des effets positifs : nous pouvons faire pression sur les boutiques qui se comportent mal envers les acheteurs. Nous supprimons ou suspendons régulièrement des boutiques indélicates qui pratiquent la cavalerie : vous achetez, vous êtes débités et n'êtes livrés que 6 mois après... C'est inadmissible. Les systèmes gratuits, sans contrôle, se retrouvent avec les spammeurs en tête de liste qui balancent des fausses infos sur le prix pour avoir le trafic. Frooggle aux USA qui est sur un système de Push est confronté à ce type de problème : les premiers prix sont souvent "faux". Il faut constamment être sur ses gardes et ne pas faire confiance aux boutiques ... La limite de l'exhaustivité est là : faut il garder une boutique indélicate ou la supprimer? Faut il montrer les prix du "moins cher" si il y a une chance sur deux pour que l'acheteur ne soit pas livré? Nous estimons que non.

OD : Cette distinction peut-elle devenir un argument commercial fort aux yeux des utilisateurs?

FL : Sur le Net comme ailleurs, une réputation se fait peu à peu et par l'usage. Je pense que nous avons toujours gardé la même politique : nos vrais clients sont nos utilisateurs, ce ne sont pas les boutiques en ligne. Nous souhaitons avoir la confiance de nos utilisateurs. La transparence est, je pense, encore plus nécessaire sur le net que dans les sociétés traditionnelles. L'exemple de Google est frappant : ils font ce qu'ils disent et ne privilégient pas un gros groupe par rapport à des petites boites. Tout le monde est sur un pied d'égalité. C est ce qui me plait depuis le début sur le net.

Merci beaucoup Frédéric!

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